par Pierre Le Pillouër
Né en 1950 à Louhans, vit et travaille à Vallauris.
Co-rédacteur de la revue TXT de 1983 à 1993.
Créateur et rédacteur en chef de sitaudis, le premier site de poésie comparative (depuis octobre 2001).
Livres
Sabots les abats (Muro Torto- 1983)
Pancrailles (TXT- 1991)
Une anse ( mem Arte / Facts - 1998 )
Poèmes Jetables (éd Le Bleu du ciel-2002)
Privatif (éd. le mot et le reste- 2003)
Chair jaune avec Raymond Federman (Le Bleu du Ciel, 2007)
ajouts contre jour (Le Bleu du Ciel, 2008)
Dùas boas figuras (Amstra-N-Gallar, 2008)
Trouver Hortense (Ulysse fin de siècle, 2008)
di Cecilia Bello Minciacchi,
Paolo Giovannetti,
Massimilano Manganelli,
Marianna Marrucci
e Fabio Zinelli
di Yolanda Castaño
di Domenico Ingenito & Fatima Sai
di Maria Teresa Carbone & Franca Rovigatti
a cura di Massimo Rizzante e Lello Voce
C’est une entreprise qui ne ressemble à rien de connu : un artiste, Thomas Hirschhorn, décide que sa prochaine exposition consistera à exposer la poésie, et que la poésie en l’occurrence aura un nom, celui d’un poète vivant - et non plus d’un philosophe mort. Exhibiting Poetry Today : Manuel Joseph. Hirschhorn choisit un titre en anglais - constat solennel, solennité indissociable du constat - parce qu’il est artiste, suisse-allemand, que l’adresse est en anglais sur la scène de l’art, que l’anglais par bribes à nous s’adresse, et donc au poète et à l’artiste aussi - l’artiste internationalement reconnu.
Rien de ce qu’on pense être la poésie, de l’image qu’on en a - on : grand public, petit public, happy few, membres du clan, romanciers innocents, intellectuels incultes - n’est là. Ne fut là, au CNEAI, où Exhibiting Poetry Today eut lieu en premier*, c’est-à-dire fit lieu, refit le lieu de fond en comble, le transformant en boyau de scotch et cartons bombardé de tapis d’images, presse, moniteurs côte à côte, saturation des signes, bunker asthmatique - même connaissant la rhétorique hirschhornienne, appliquée à la poésie, le choc fut, soudain comme la première fois qu’on voit Pull my Daisy, le film de Robert Frank sur les Beats errants dans New York détendu, cools et drogués aussi bien que des cats, avec par dessous-dessus le magnifique texte off de Kerouac, alors la poésie n’est plus jamais comme avant et on se demande comment, comment est-ce possible qu’on en ait encore en France - grand public, petit public, intellectuels incultes et romanciers innocents - une vision si datée, si terne et si moche.
Il y a un catalogue ; l’auteur : Thomas Hirschhorn - mais à le lire, à le voir, on comprend que c’est un livre "à responsabilité non-partagée", Hirschhorn/Joseph à égalité : "responsabilité non-partagée, cela implique que lui et moi - chacun de son côté - prenons l’entière responsabilité d’un travail. Je prends l’entière responsabilité pour mon travail mais également pour le sien, et Manuel Joseph prend l’entière responsabilité pour son travail et pour le mien, c’est cela l’amitié.", écrit Hirschhorn en ouverture, dans un texte vibrant et clair, adorable et nietzschéen, où on saisit où cela s’a(e)ncre : l’amitié à la vie à la mort, le cœur fléché tatoué près du cœur. De fait, ça ne pouvait être que lui et que lui : tous les poèmes photocopiés imprimés de Manuel Joseph proposés au catalogue sont de basse qualité moderne (baudelairienne), documents pour servir, à valoir à qui de droit, en montage serré de vie et politique.
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